
Quatre carnets et cinq feuillets libres sur papier Canson nous sont parvenus, moins d’une centaine de feuilles, mais un témoignage unique sur ses trois premières années d’artiste, et d’autant plus précieux que deux de ces carnets sont jalonnés de dates.
Du plus ancien qui nous est parvenu, il reste douze feuillets inaugurés en juin 1892, à quelques semaines des vingt-cinq ans de Lépine, par une vue champêtre avec meule et peupliers (nD1), dans un lieu qui fait aujourd’hui partie de la Commune de Bordeaux. Le Carnet se poursuit avec quelques croquis de la Garonne et du port (nD3), puis une belle vue de la Façade des quais (nD4) datée du 17 juillet 1892, et une superbe enfilade de l’entrée dans la ville par l’axe du Cours de l’Intendance le 24 juillet (nD4bis). S’enchainent trois vues sauvages du fond du Bassin d’Arcachon (nD6, nD7 et nD8), et surtout deux feuillets ramenés de Martigues un an plus tard, datés de la fin décembre 1893 (nD9, nD10R et nD10V).
Le Carnet le plus important, avec ses trente-quatre feuillets, s’enchaine au précédent dont il prolonge la chronologie sur la Côte d’Azur en janvier 1894 à Villefranche-sur-mer (nD44 et nD45), et se poursuit dans la même région jusqu’au mois de mars. On note ensuite un retour par le bordelais en juin, avec un paysage à Verdelais (nD53), puis un passage au Pays Basque espagnol (nd54) et français en juillet.
Le Carnet illustre ensuite un second séjour de Lépine à Martigues à partir de l’été 1894, avec un bel ensemble de paysages de Provence (nD59, nD65 et nD66R), et comme il donne le plus long développement de ce second séjour, il a pris naturellement la quatrième place dans ce Catalogue.
Le ‘’Petit carnet’’, au format de poche, débute par quelques croquis aux Eyzies, offre deux paysages du Pays Basque rejoignant les autres croquis de juillet 1894, et s’achève par quelques vues de Martigues avant retour à Bordeaux ; trois esquisses de pastels complètent ce carnet, et se retrouveront dans le Catalogue des Pastels.
Le troisième Carnet est entièrement consacré à Martigues, tout comme les cinq feuillets séparés, ils n’ont aucune indication de date mais ils partagent avec le Petit carnet des notations graphiques concomitantes ; les correspondances de lieux et de dates se retrouvent ensuite entre les carnets et quelques tableaux.

Tous les dessins ne sont pas élaborés avec le même soin, mais on constate que Lépine possède dès ses débuts un superbe coup de crayon et une grande sensibilité aux ’’valeurs’’ d’ombre et de lumière, comme on le voit dans L’axe du Cours de l’Intendance à Bordeaux dès 1892 (nD4bis) :


Ces Carnets de Jeunesse sont le prologue aux dix premières années de sa peinture. Les pages pleines d’esquisses révèlent l’acharnement de son travail. On peut aussi attirer l’attention sur quelques silhouettes minuscules, ou sur des sujets rares comme L’Ane à la charrette (détail de nD38R).